Annie Ernaux, la lauréate du prix Nobel de littérature

Annie Ernaux est née en 1940 et a grandi en Normandie où ses parents tenaient un café-épicerie. Professeure de lettres, puis agrégée de lettres modernes, elle entre ensuite sur la scène littéraire avec Les Armoires vides, son premier roman, qui aborde son avortement clandestin. Annie Ernaux poursuit le récit de son expérience personnelle avec d’autres oeuvres autobiographiques, comme Mémoire de fille. L’intimité, la classe sociale, l’identité, la filiation sont des leitmotivs de son écriture. En 2022, elle reçoit le prix Nobel de littérature pour « le courage et l’acuité clinique avec lesquels elle révèle les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ». Ce chapitre a été relu, approuvé et autorisé par l’intéressée.

Romain Gary ou le refus de l’assignation identitaire

Juif, Roman Kacew souffre de l’antisémitisme qu’il rencontre dans la Lituanie russe de son enfance, en Pologne, ou encore pendant la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle sa famille est décimée. Pour échapper à cette fatalité, il invoque une réalité mythifiée, qu’il raconte notamment dans La Promesse de l’aube. Apparaissent alors les pseudonymes multiples qui témoignent des vies plurielles qu’il endosse, dont Émile Ajar. Considéré comme démodé et ringard par les critiques, Gary crée de toutes pièces la biographie d’un auteur fictif, lui choisit le pseudonyme d’Émile Ajar et demande à son petit cousin Paul Pavlowitch de l’incarner. Grâce à ce subterfuge, il sera l’homme aux deux Goncourt, ce prix auquel on n’a droit qu’une fois : le premier pour Les Racines du ciel, signé Gary, le second pour La Vie devant soi, signé Ajar.

Nathalie Sarraute, la romancière des profondeurs

Nathalie Sarraute grandit tiraillée entre sa nationalité russe et ses origines juives, entre son père et sa mère, mais aussi entre deux pays : la Russie et la France. Abandonnée par sa mère, elle déménage à Paris avec son père. Après des études d’anglais puis de droit, elle intègre en 1940 le groupe de résistants créé par Sartre, Socialisme et Liberté. Avec Tropismes, elle se montre comme l’écrivaine de la subtilité et de la « sous-conversation ». Parallèlement à la construction de son oeuvre romanesque, elle commence à écrire pour le théâtre, notamment Pour un oui, pour un non (au programme du baccalauréat 2025). Elle devient également l’une des théoriciennes du Nouveau Roman avec L’Ère du soupçon, et s’impose comme une autrice à la plume rigoureuse avec Enfance, texte autobiographique qui se présente comme un dialogue entre l’écrivain et son double.