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Biodiversité des Océans, Tempête à l’horizon ?
À elle seule, elle représente 80 % de la biodiversité mondiale. Pourtant, la vie marine est menacée. Quelle est l’ampleur de cette menace ? Comment enrayer la tendance et protéger cette source inépuisable d’émerveillement ? Nature & Découvertes fait le point sur la question et donne à chacun les clés pour agir.
La 15 eme cession de la CITES, Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction, qui s’est tenue du 13 au 25 mars à Doha (Qatar), s’est conclue sur une grande déception : le commerce international du thon rouge d’Atlantique Est et de Méditerranée ne sera finalement pas interdit. Les arguments des lobbies de pêcheurs et des groupes de pression japonais - qui consomment 80 % des réserves mondiales - ont eu raison des enjeux environnementaux.
Un constat d’autant plus inquiétant que le thon rouge n’est qu’une espèce parmi d’autres. La liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), actualisée chaque année, montre clairement qu’une grande variété d’espèces marines subit des pertes irréversibles. Au moins 17 % des 1 045 espèces de requins et de raies, 12,4 % des mérous et 6 sur les 7 espèces de tortues marines sont menacés d’extinction. « 300 000 baleines et petits cétacés comme les dauphins et les marsouins meurent chaque année en se prenant dans les filets de bateaux de pêche », précise François Chartier, directeur de la campagne Océans de Greenpeace.
Photo Getty |
Chiffres-clés
2e superficie après celle des États-Unis
Le domaine marin français en chiffres :
11 millions de km2, sur les trois grands océans du monde
10 % des récifs et lagons de la planète
20 % des atolls
247 000 espèces marines y sont recensées, soit 15 % des espèces décrites à ce jour sur Terre
Sommaire
1. La surpêche mise en cause
2. Un océan de plastique
3. Les marées noires
4. L’acidification des océans
5. Objectif protection
6. Consom’agir
7. Une solution pour éviter le gaspillage de poissons ?
8. Quelques conseils au vacanciers / plaisanciers / amateurs de plongée
9. Le tourisme : un impact positif ?
10. Faut –il manger du poisson d’élevage ?
1. La surpêche mise en cause
La pêche, ou plus exactement la surpêche, est bien l’une des causes de la disparition de certaines espèces : depuis les années 1950 et la mise en place de la pêche industrielle, les quantités de poissons pêchés ne permettent pas le renouvellement des espèces. Selon la FAO (organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture), la moitié des réserves halieutiques mondiales (c’est-à-dire les poissons, les mollusques, les crustacés, les céphalopodes et toutes autres espèces susceptibles d’être pêchées) sont exploitées au maximum de leur potentiel depuis 30 ans, un quart est surexploité ou déjà épuisé. Mais l’écosystème marin connaît bien d’autres menaces encore.La pêche en chiffres
Chaque Français consomme 29 kg de poissons, coquillages et crustacés dont 57 % sont produits dans l’Hexagone.
La consommation mondiale est en constante augmentation : 4 fois plus de poissons capturés aujourd’hui qu’il y a 50 ans.
La pêche fait vivre 15 à 21 millions de pêcheurs soit 200 millions de personnes dans le monde.
En savoir + sur : Le chalutage
Dans les eaux françaises, 70 % des navires utilisent le chalutage, un filet en forme d’entonnoir terminé par une poche. Le chalutage de fond est particulièrement destructeur du milieu. Avec cette technique, un ou deux chalutiers traînent un filet jusqu’à 2 000 mètres de fond, entre 2 et 4 heures, pour racler le sol marin. Les dégâts sont considérables : un filet de 500 mètres de large traîné pendant 1 heure à la vitesse d’un mètre par seconde détruit une surface équivalant à 180 terrains de football. Dans ces filets, 35 % des prises ne seront pas commercialisées et rejetées à la mer blessées ou mortes.
Laurent Richard |
2. Un océan de plastique
Au premier rang des menaces : la pollution. 80 % de la pollution marine est d’origine terrestre et 3 déchets trouvés en mer sur 4 sont des plastiques. Résultat ? Ces milliers de tonnes de plastiques que les océans charrient étouffent ou étranglent un million d’oiseaux marins et cent mille mammifères marins sans compter « les tortues marines qui s’étouffent en mangeant les sacs plastiques qu’elles prennent pour des méduses », précise Sophie Bedel de l’association Kap’Natirel. Les poissons, oiseaux et autres animaux marins pensent déguster des oeufs de poissons alors qu’ils croquent dans des boules blanches… de polystyrène.
La pollution en chiffres
La pollution des océans est à 80 % d’origine terrestre
175 millions de débris et de déchets se trouvent entre 0 et 200 m de fond dans le bassin nord-ouest de la Méditerranée
Les plastiques représentent 80 % des déchets trouvés en mer
En savoir + sur : Les marées vertes
Chaque année, entre le printemps et l’automne, les plages sont envahies par une mer d’algues vertes. Or, la décomposition de ces végétaux détériore les écosystèmes provoquant notamment une disparition de l’oxygène dissous dans l’eau.
Ces quantités trop importantes d’algues se développent à cause d’un flux d’azote soutenu. En question ? La présence excessive de nitrates dans l’eau qui alimentent et démultiplient le nombre d’ulves. Ces nitrates proviennent des excédents de fertilisants chimiques utilisés par l’agriculture et les élevages de bovins et de porcs mais aussi des rejets des stations d’épuration et des eaux usées des villes. On mesure 10 fois plus de nitrate dans les rivières bretonnes en 2000 qu’en 1970. Or, le nitrate issu de l’agriculture est emporté par les pluies et les rivières vers le littoral.
Ces marées vertes ont aussi des effets néfastes sur les habitants du littoral. Les odeurs nauséabondes qui se dégagent de ces algues vertes lorsqu’elles se décomposent font fuir les touristes.
Plus grave encore, les marées vertes peuvent être dangereuses pour la santé. En juillet 2009, sur une plage bretonne, un homme et son cheval se sont enlisés dans une marée d’algues vertes. Le cavalier s’en est sorti de justesse. Mais son cheval est mort asphyxié. En effet, la décomposition des algues produit un gaz toxique qui est certainement à l’origine de cet accident mortel.
Face à un tel événement, après 30 ans de pollution aux algues vertes, les autorités ont finalement proposé le 3 février 2010 un plan d’action pour lutter contre leur prolifération. Au-delà du ramassage, du traitement et du compostage des algues vertes préconisés, la solution ne serait-elle pas également de réduire l’utilisation d’engrais chimiques ?
3. Les marées noires
Qui dit pollution dit aussi marées noires, certes dangereuses pour les écosystèmes marins mais qui ne représentent que la partie visible de l’iceberg des pollutions par les hydrocarbures. Car, en réalité, les dégazages quotidiens des nombreux navires au large des côtes font de véritables ravages. Sur le long terme, cette accumulation d’hydrocarbures est une bombe à retardement : les molécules chimiques et biochimiques s’accumulent dans les tissus animaux tout au long de la chaîne alimentaire et provoquent une augmentation de dysfonctionnements tels que la perturbation des sens, l’altération des comportements, la baisse de la fécondité…
4. L’acidification des océans
Enfin, les changements atmosphériques ont eux aussi une incidence sur les océans : plus l’atmosphère se remplit de dioxyde de carbone, plus les océans s’acidifient. « Cette acidification des eaux diminue la quantité de carbonates disponibles, entravant le développement du plancton et dissolvant coquilles et squelettes », explique Philippe Valette, directeur du centre national de la mer Nausicaá et co-président du réseau Océan Mondial. Ainsi, un grand nombre d’animaux à la base de la chaîne alimentaire risquent de disparaître, menaçant l’équilibre des écosystèmes marins.
5. Objectif protection
Le manque de connaissances sur le monde maritime
Le bilan n’est donc pas réjouissant. Et pourtant les scientifiques ne cèdent pas au pessimisme : « La protection et la connaissance sont les deux besoins essentiels pour sauver le monde maritime aujourd’hui », affirme Sébastien Moncorps, directeur du Comité français de l’UICN dont les listes rouges répertoriant les espèces menacées d’extinction font autorité.
« La liste rouge des espèces menacées en France souligne que 40 % des espèces de mammifères marins sont classés en données insuffisantes, souligne-t-il, et seuls 5 % des fonds marins ont été explorés. »
La faiblesse du système de protection
Le manque de connaissances entraîne la faiblesse du système de protection. « Alors que 12 % du domaine terrestre est aujourd’hui protégé dans le monde, le domaine maritime ne l’est qu’à hauteur de 1 %. La France doit montrer l’exemple », insiste-t-il.
Avec le Grenelle de la mer, quelques avancées
En France, la protection des océans connaît quelques frémissements : le Grenelle de la mer s’est conclu le 28 juillet 2009 par la publication de 138 engagements en faveur des énergies marines, de la pêche durable, de transports et de ports maritimes durables et de lutte contre les pollutions marines. L’objectif ? Doter le pays d’une stratégie maritime à long terme. Reste à voir quelles seront les mesures réellement mises en place.
D’ores et déjà, « la France s’est fixé l’objectif de classer 20 % de sa zone économique exclusive (ZEE) en aires marines protégées d’ici 2020. Un espace maritime où les activités humaines seront réglementées pour permettre de préserver le milieu naturel », s’enthousiasme Sébastien Moncorps. Cependant, les conflits d’intérêt sont encore très présents. Reste alors l’action la plus efficace et immédiate : celle de chacun !
En savoir + sur : Le Conservatoire du Littoral : un exemple unique en Europe
Depuis 1975, le Conservatoire du littoral acquiert les espaces les plus remarquables du littoral français pour les préserver. Au fil des années, son rôle est devenu de plus en plus important. Il s’impose aujourd’hui comme un acteur incontournable, un référent et un modèle unique que de nombreux pays européens tentent de suivre. Le Conservatoire a notamment permis de réunir tous les acteurs du domaine et de mettre en place des politiques de protection du littoral efficaces.
« Aujourd’hui, nous avons pour objectif de travailler en collaboration de plus en plus étroite avec l’Agence des aires marines protégées. Une alliance qui permettra à terme de lier efficacement les domaines terrestres et maritimes pour résoudre des problématiques communes », s’enthousiasme Anne Konitz, directrice de communication du Conservatoire national du littoral.
Créée en 2006, l’Agence des aires marines protégées est établissement public dédié à la protection du milieu marin et à la création et gestion des aires marines protégées. Elle favorise l’échange entre les partenaires impliqués dans la gestion, la protection et la valorisation économique durable de sites sensibles ou remarquables du milieu marin et côtier (Groupement d’intérêt public des Calanques, Réserve marine, Parc Marin, …).
« Cette collaboration promet d’être riche et intéressante car nos actions se complètent. En tant que propriétaire foncier, le Conservatoire du littoral s’occupe davantage de préservation alors que l’Agence des aires marines protégées, qui émane de l’État, se consacre plus particulièrement à la recherche scientifique », précise Anne Konitz.
6. Consom’agir
En dehors des périodes de vacances, l’océan paraît bien loin de nos préoccupations quotidiennes. Et pourtant, dans nos choix de consommation, l’action est à portée de main. À commencer par nos choix chez le poissonnier : là, grand dilemme, du bar ou du maquereau pour le dîner ?
Pour répondre aux questions existentielles des consom’acteurs, mrgoodfish.com a dressé une liste des poissons à consommer en fonction des saisons, sans risquer de nuire à leur espèce.
On peut aussi consulter le conso-guide du WWF pour une consommation responsable des produits de la mer, à imprimer, plier et glisser dans son portefeuille. Qu’y apprend-on ? Que l’on peut manger du saumon du Pacifique et de l’Alaska, du lieu, du maquereau, de la sole d’Hastings, du hareng, du cabillaud et flétan de ligne du Pacifique, de l’araignée, de l’anchois… Mais qu’il vaut mieux éviter crevette rose, cabillaud, merlu européen, saumon sauvage de l’Atlantique, églefin et bar sauvage de chalut.
7. Une solution pour éviter le gaspillage de poissons ?
L’association Les paniers de la mer 29 en a trouvé une. À chaque vente sous criée, une quantité de poissons importante est jetée. Un gaspillage que ne supportaient plus Jean Larzul et Émile Gueguen, fondateurs de l’association. En 1997, ils décident de transformer positivement ce gaspillage.
À la criée, lorsque le poisson n’atteint pas un prix minimum, il est retiré du marché afin de soutenir les cours. Les pêcheurs reçoivent une compensation financière pendant que leur poisson parfaitement consommable est transformé en farine animale ou détruit.
L’idée de l’association ? Récupérer le poisson invendu, le transformer et le surgeler. Dans quels buts ?
- Pour lutter contre le gaspillage ;
- Fournir une aide alimentaire aux plus démunis
- Favoriser l’insertion de personnes en chômage de longue durée qui trouvent ainsi une seconde vie professionnelle. Ainsi, en 2009, sur les 9 000 tonnes de poissons retirés du marché chaque année, la Fédération a pu récupérer 500 tonnes de matière brute et distribuer 250 tonnes aux associations caritatives ;
Photo Panier de la Mer | Photo Panier de la Mer |
8. Quelques conseils
- aux vacanciers :
- ne laisser aucun déchet, mégot ou sac plastique sur le sable ;
- appliquer sur la peau plutôt une crème solaire bio ;
En savoir + sur les crèmes solaires : Indispensables pour se protéger des rayons nocifs du soleil, les crèmes solaires sont de véritables ennemies de la mer, en tout cas dans leur version conventionnelle. Car les crèmes solaires non bio contiennent entre autres silicone et paraffine qui forment une pellicule dans l’eau ralentissant la photosynthèse et donc la vie végétale sous-marine. La mer est ainsi envahie de substances non biodégradables qui entraînent de vrais ravages sur la biodiversité marine. La solution ? Opter pour les crèmes solaires certifiées bio
- utiliser la citronnelle pour éloigner les petites bêtes plutôt que les aérosols chimiques ;
- pour les amateurs de pêche à pied, respecter les quantités autorisées pour la récolte des coquillages et crustacés.
- aux plaisanciers :
Là encore, chaque bon geste compte :
- ne jeter aucun déchet par-dessus bord ;
- éviter les détergents et produits toxiques ;
- équiper son embarcation de cuves à eaux noires, que l’on peut évacuer dans un port équipé d’un système de vidange.
- aux amateurs de plongée:
- Les moniteurs diplômés connaissent et transmettent les règles à respecter en matière d’écologie. Dans la Charte de l’écoplongeur élaborée par l’association Longitude 181 (soutenue par la Fondation Nature & Découvertes), on apprend qu’il ne faut jamais rien remonter à la surface, qu’il ne faut pas nourrir les poissons avec n’importe quoi, veiller à ne pas détériorer les fonds marins avec les mains ou en donnant un coup de palme impromptu, ni toucher le corail (le moindre contact pourrait compromettre son développement)…
- Pour en savoir plus sur le sujet, Nausicaá, le centre national de la mer, a eu la bonne idée de créer un passeport de citoyen de l’océan. « On y trouve une quantité de petits gestes pour protéger la mer comme ne pas déranger les animaux et les cailloux qui les abritent et respecter les plantes qui fixent le sol comme les dunes de sable », explique Philippe Valette, le directeur. Prêts à devenir citoyens de la mer ?
En savoir + sur : Donner de son temps pour l’avenir des océans
Anne-Laure Baratte, guide-conseil du magasin Nature & Découvertes d’Anglet, a rejoint l’association Surfrider Foundation il y a trois ans. « Mon rôle ? Accompagner les enfants lors des nettoyages de plage et sensibiliser le public à travers des opérations de communication. La Surfrider Foundation Europe organise tous les ans en mars les Initiatives Océanes. Des milliers de bénévoles nettoient alors les plages et les littoraux de toute l'Europe. Cette année, pour la 15e édition, 769 nettoyages ont été réalisés ! « Une façon d’alerter les médias et l'opinion sur l'état de pollution des mers. Nous essayons de faire changer une législation européenne qui refuse de reconnaître les morceaux de plastique flottant comme de la pollution », explique Anne-Laure.
En savoir + : www.initiativesoceanes.org
Des idées pour agir à retrouver dans la rubrique « S’engager » du site internet de la Fondation Nature & Découvertes : http://www.fondation-natureetdecouvertes.com/agir-avec-la-fondation/s-engager
9. Le tourisme : un impact positif ?
Des écocroisières dans l’Océan Indien
« L’écotourisme apparaît comme un moyen très efficace pour préserver l’environnement », déclare Martine Vély, de l’association Megaptera, qui promeut des écocroisières dans l’Océan Indien. Pour admirer baleines à bosses et requins baleines, elle propose une charte d’observation et d’approche :
- distance de sécurité comprise entre 100 et 500 m pour les bateaux et de 15 m pour les nageurs
- pas de saut dans l’eau
- pas d’approche par l’arrière pour les bateaux.
La sensibilisation des guides touristiques, des pêcheurs, des vacanciers, des enfants et des habitants des îles porte ses fruits puisque l’écotourisme apporte des revenus complémentaires à ceux de la pêche.
Sensibilisation pour préserver les tortues marines en Guadeloupe
En Guadeloupe, l’association Kap’Natirel livre des bons gestes aux vacanciers pour préserver les tortues marines, via des panneaux sur les sites de ponte : les laisser à l’écart, ne pas les éclairer ou les prendre en photos, ne pas faire de bruit…
En mer Méditerranée aussi les éco-croisières existent. L’association Cetus fait ainsi connaître les cétacés. Des moments de découverte exceptionnels pour donner envie de protéger la mer et ses habitants.
Les associations Megaptera, Kap’Natirel, Cetus ont bénéficié du soutien financier de la Fondation Nature & Découvertes.
10. Faut –il manger du poisson d’élevage ?
FACE A FACE entre François Chartier, directeur de la campagne Océans chez Greenpeace et Patrick Martin, directeur général du Conservatoire national du saumon sauvage
Laurent Richard |
- Quelle est votre position concernant l’aquaculture ?
François Chartier- Le problème majeur de l’aquaculture, c’est qu’il faut souvent plusieurs kilos de poissons sauvages pour arriver à 1 kg de poisson d’élevage. Sur les 90 millions de tonnes de poissons sauvages pêchés chaque année, 30 millions sont destinées à l’industrie (huile Oméga-3, alimentation pour les poulets et les poissons…). L’aquaculture entraîne une série d’impacts négatifs majeurs. Les poissons ingèrent un grand nombre d’antibiotiques. Et, lorsqu’ils s’échappent, les conséquences peuvent être dramatiques pour les poissons sauvages qui, eux, ne sont pas prémunis contre les virus.
Patrick Martin - Le débat poisson d’élevage contre poisson sauvage est faussé. Dans le cas du saumon c’est comparer 1 400 000 tonnes à quelques centaines de milliers d`individus dont certaines populations sont en danger. Grace au développement de l’aquaculture, le prix du saumon a chuté et la pression de pêche sur les stocks sauvages n’existe plus. La maitrise des procédés d’élevage permet l’arrêt de l’exploitation des poissons sauvages, comme c’est le cas pour le thon et l’anguille. Dans ce contexte, le saumon d’élevage sauve le poisson sauvage ! À condition bien sûr de développer une aquaculture de qualité et respectueuse de l’environnement. Au Conservatoire par exemple, nous produisons du saumon en quantité (en 5 ans, environ 1,3 million). Cependant, notre objectif principal n’est pas la seule production mais la recherche pour améliorer la qualité du saumon et préserver la diversité des espèces afin d’améliorer nos connaissances sur les poissons en général.
- Selon vous, faut-il privilégier la pêche de poisson sauvage ?
François Chartier- Oui, si cette pêche est contrôlée et raisonnée. La politique des quotas tente d’y répondre. Mais on voit très clairement que ce mode de gestion ne fonctionne pas, d’autant plus que bien souvent il n’est pas respecté par les États. Si on veut protéger ces écosystèmes marins, il faut raisonner de manière globale sur les écosystèmes, la pression de la surpêche, le réchauffement climatique…
Patrick Martin - Aujourd’hui, manger du poisson sauvage, issu de mers polluées, du saumon de la Baltique par exemple, devient hélas moins sûr pour le consommateur que le poisson d’élevage, dont la traçabilité est garantie. La consommation de masse et à bas prix entraîne une grande pression sur les producteurs. Plutôt que de les condamner, nous devons collaborer en les amenant à mettre en place une production durable. Et c’est possible !
- Selon vous, quelles sont les solutions ?
François Chartier - C’est une question de volonté politique. Il faut mettre en place au plus vite un vrai réseau de réserves marines. Pour Greenpeace, ce sont 40 % des océans qui doivent être protégés. Le Grenelle de la mer et l’intégration de nouveaux acteurs, comme les ONG, dans les débats et les décisions politiques sont des signaux encourageants. En 2012, la réforme de la politique commune des pêches (ndlr : la réglementation européenne en matière de pêche qui détermine notamment les quotas) sera lourde d’enjeux.
- Quant à savoir si les résultats seront vraiment positifs…
Patrick Martin - Il en va du saumon comme des autres espèces. Pour préserver les réserves, les producteurs devraient déjà suivre quelques précautions : produire des espèces locales adaptées au milieu, garantir le moins d’évasion possible et avoir des densités plus restreintes. La solution, c’est aussi de préserver le milieu ! En parallèle du développement d’une aquaculture plus durable il est nécessaire de préserver le milieu pour assurer la conservation des populations sauvages. Un vrai problème auquel peu de collectivités s’attaquent. De nombreux efforts sont donc à réaliser.
Photo DR | Photo DR |
Un grand merci aux experts qui ont contribué à ce dossier :
Sébastien Moncorps, directeur du Comité français de l’UICN - Anne Konitz, directrice de communication du Conservatoire national du littoral - François Chartier, directeur de la campagne Océans chez Greenpeace - Patrick Martin, directeur général du Conservatoire national du saumon sauvage - Hélène Rochet, directrice de la Fédération nationale des Paniers de la Mer - Philippe Valette, directeur du centre national de la mer Nausicaá -Martine Vély, de l’association Megaptera - Delphine Maes, trésorière de l’association Cetus - Sophie Bedel de l’association Kap’Natirel - Patrick Louisy, Responsable Scientifique de l’association Peau Bleue et du projet Hippo-THAU - et, chez Nature & Découvertes, Jean-Baptiste Dumond, Délégué Général de la Fondation Lemarchand pour l’Équilibre entre les Hommes et la Terre, Fabien Chenel, Directeur des activités naturalistes et pédagogiques et David Sève, Directeur de la Fondation Nature & Découvertes.
Merci de votre fidélité, grâce à vous Nature & Découvertes soutient plus de 150 projets par an pour préserver la nature & sa biodiversité.
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