Des polluants dans ma maison ?

L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur jetait en 2006 un grand pavé dans la mare de nos idées reçues. Non, nos intérieurs ne sont pas forcément plus sains que l’air extérieur. Cette année-là, il publiait la première étude sur la pollution de l’air dans les logements en France. Sur 567 maisons et appartements analysés, 10 % présentaient un niveau de pollution très élevé (3 à 8 polluants étaient relevés à de très fortes concentrations).
Depuis, un nouveau mot est quasiment entré dans le vocabulaire courant : COV. Ces composés organiques volatils appartiennent à différentes familles chimiques. Ils proviennent de matériaux d’aménagement ou de déco comme les peintures, les vernis, les colles, les bois agglomérés, les moquettes… Et se diffusent dans l’air. Du benzène dans les produits de bricolage, les parquets, les solvants. Du toluène dans les peintures, vernis, colles, encres, moquettes, tapis… Du formaldéhyde dans les mousses isolantes, laques, colles, vernis, encres, résines,
papier, produits ménagers, bois agglomérés et contreplaqués…
Tous ces COV sont susceptibles de provoquer des irritations de la peau, des muqueuses, des poumons ou encore nausées, maux de tête… Quelques-uns comme le benzène ou le chlorure de vinyle sont associés à des leucémies ou cancers. Le formaldéhyde, qui est à la fois irritant pour les yeux, le nez et la gorge, est classé depuis 2004 comme cancérogène certain du nasopharynx par l’OMS. Quant aux éthers de glycol (qu’on retrouve dans les peintures, vernis, laques), ils sont accusés d’endommager le système de reproduction. Gloups !
Autres molécules invisibles mais casse-pieds : les particules. Ça n’est rien d’autre que la poussière suspendue dans l’air. Le hic, c’est qu’elle se charge de toutes sortes de contaminants : fumée de tabac, fibres, spores de moisissures, allergènes, produits de combustion… qu’elles diffusent allègrement les virus et bactéries, qui entraînent rhinopharyngites, inflammations, allergies respiratoires, asthme ou – plus grave – des cancers. Ça donne envie de faire la poussière chez soi, non ?

À consulter
www.air-interieur.org, le site de l’Observatoire de l’air intérieur

À lire
Nos maisons nous empoisonnent, Georges Méar, Éd. Terre Vivante.

Interview :
Georges Méar Auteur de « Nos maisons nous empoisonnent », Éd. Terre Vivante
http://pagesperso-orange.fr/la.maison.empoisonnee

Comment est venu votre intérêt pour ce sujet ?
J’ai fait construire une maison moderne en 1989, avec beaucoup de bois aggloméré ou brut mais traité, et une ventilation mécanique contrôlée (VMC) simple flux. Elle était mal installée. L’air transitait par les coffres des volets roulants et le bardage… Si bien qu’il était archi-pollué par le bois traité et les panneaux de particules. Au lieu d’améliorer l’air, cette VMC ne faisait que l’aggraver. Très vite, ma femme et moi avons eu des troubles de santé : des irritations des muqueuses du nez et des yeux, avec saignements, rhinites et début d’asthme.
Pilote de ligne à l’époque, mes absences prolongées me permettaient de récupérer. C’est ainsi que j’ai commencé à mettre en cause la maison.
Comment avez-vous réagi ?
J’ai fait analyser l’air et inspecter la VMC. Il s’est avéré que les taux de COV dans l’air étaient conséquents et que la VMC n’était pas réglementaire. On a déménagé aussitôt. Aux États-Unis et au Canada, où j’allais souvent, ils étaient en avance par rapport à nous sur le sujet. J’ai commencé à me documenter.
Quels sont vos conseils pour établir un diagnostic de l’air dans sa maison ?
On peut établir une check list.
1) Contrôler la ventilation. Les trois quarts des systèmes ne sont pas conformes.
2) Traquer le bois aggloméré et traité, etc. Et choisir en général les matériaux naturels.